DéclarationJanuary 1, 1804

Acte d'Indépendance d'Haïti (Déclaration)

Haïti déclare son indépendance de la France le 1er janvier 1804, devenant la première république noire.

Acte d'Indépendance d'Haïti (Déclaration)

1804-01-01

Paragraphe 1

Nous avons conquis notre indépendance au prix de mille dangers, et nous la défendrons contre toutes les puissances de la terre. Le peuple haïtien, après avoir brisé ses chaînes, proclame en ce jour solennel qu’il ne reconnaîtra plus jamais la domination de la France ni celle de toute autre puissance étrangère.

Analyse

Ce premier paragraphe affirme que l'indépendance d'Haïti a été obtenue au prix d'immenses sacrifices et annonce une volonté inébranlable de la défendre. En rejetant toute domination future de la France ou d'une puissance étrangère, il consacre une rupture politique définitive avec l'ordre colonial.

Paragraphe 2

La liberté générale, si chèrement conquise, est irrévocable et ne souffrira aucune atteinte. Tout Haïtien est né libre et ne peut jamais être réduit en esclavage.

Analyse

Ce paragraphe fait de l'émancipation une règle constitutionnelle permanente. Il proclame la liberté universelle des Haïtiens et interdit tout retour à l'esclavage ou à une oppression équivalente.

Paragraphe 3

Les barbares qui ont ensanglanté cette terre pendant tant de siècles ne pourront plus jamais y pénétrer. S’ils osent tenter une nouvelle invasion, ils ne trouveront ici que mort et destruction.

Analyse

Le troisième paragraphe avertit les anciens colonisateurs que l'île leur est désormais fermée. En promettant mort et destruction à toute nouvelle invasion, il instaure une dissuasion radicale destinée à préserver la souveraineté naissante.

Paragraphe 4

Nous jurons de tout sacrifier plutôt que de laisser détruire cette indépendance. Que chaque Haïtien, pénétré de cette vérité, se tienne prêt à défendre ses droits et le sol sacré de la liberté.

Analyse

Le quatrième paragraphe transforme la défense de l'indépendance en devoir moral collectif. Il appelle chaque Haïtien à la vigilance et au sacrifice personnel pour protéger le territoire et les droits conquis.

Paragraphe 5

Nous, Chef suprême et Général en chef de l'armée indigène, au nom du peuple haïtien et devant l’Être suprême, déclarons solennellement l’empire de la liberté établi dans cette île. Nous invitons tous les fils et toutes les filles d’Haïti à s’unir pour consolider les fondements de la nouvelle Nation.

Analyse

Le cinquième paragraphe situe la déclaration sous l'autorité de Dessalines et de l'armée indigène. En reliant la liberté à la volonté populaire et au devoir d'unité nationale, il pose les bases institutionnelles du nouvel État.

Paragraphe 6

Que l’Europe, astucieuse et orgueilleuse, contemple aujourd’hui cette liberté nouvelle. Nos bras, dégagés de leurs fers, sauront désormais se défendre et construire notre destinée sans maîtres ni tyrans.

Analyse

Le sixième paragraphe s'adresse directement à l'Europe pour revendiquer le respect d'un peuple désormais autonome. Il affirme que des bras libérés bâtiront l'avenir haïtien sans maîtres, renversant la hiérarchie coloniale.

Paragraphe 7

Le sang qui a coulé a tracé un sillon éternel entre nos anciens oppresseurs et nous. La justice suprême le veut ainsi : qu’il n’existe plus de relation entre eux et nous que celle de la haine et de la guerre si jamais ils osent réclamer un droit sur notre patrie.

Analyse

Le septième paragraphe emploie l'image du sang versé pour affirmer une rupture irréconciliable avec les anciens oppresseurs. Il légitime la haine et la guerre défensive comme réponses légitimes à toute prétention coloniale future.

Paragraphe 8

Nous exhortons nos concitoyens à maintenir la concorde et la discipline. L'union fait notre force, et cette force sera la sauvegarde de la liberté. Nous en appelons à tous les Haïtiens, pour qu’ils veillent ensemble à la prospérité commune.

Analyse

Le huitième paragraphe recentre le discours sur la cohésion interne. Il rappelle que l'union et la discipline sont indispensables pour préserver la liberté et favoriser la prospérité collective.

Paragraphe 9

La patrie se fonde sur la vertu, la force et l’amour de la liberté ; que chacun s’efforce de transmettre à la postérité le flambeau de l’indépendance et la dignité de la condition humaine reconquise.

Analyse

Le neuvième paragraphe prolonge ce projet civique vers les générations futures. En exaltant la vertu et l'amour de la liberté, il invite chaque citoyen à transmettre l'indépendance et la dignité humaine retrouvée.

Paragraphe 10

Fait à Gonaïves, le premier jour de janvier de l’an de grâce mil huit cent quatre, en présence du peuple haïtien, qui a solennellement accepté la sainte cause de la liberté et jure d’en défendre le prix et l’honneur.

Analyse

Le dixième paragraphe ancre le texte dans un moment fondateur précis à Gonaïves. La mention du serment collectif du peuple souligne que l'indépendance repose sur un engagement populaire sacré et continu.

Signataires

Jean-Jacques Dessalines

Chef Suprême, Général en chef

Les Généraux Soussignés

Témoins de l’affranchissement national